* Nous voilà dans une bibliothèque, jadis si belle. Désormais elle se repose dans l’ombre, la poussière se prélasse sur le bois des étagères, sur les tranches des livres et entre les pages. C’est un lieu bien silencieux, où rien ne semble troubler ce calme semblant millénaire. Avant, c’était de vieux lampadaires à la vieille mode londonienne qui éclairaient les dédalles des sections littéraires. Maintenant, la lumière n’est plus, et certainement que quelques ampoules sont présentement hors d’usage. Pourtant, il semblerait bien que quelque chose respire quelque part, paisiblement. L’air est froid, le temp figé, mais un petit quelque chose en un lieu caché semble réchauffer l’atmosphère.
Dans le fond de l’entre des savoirs divers, une pyramide de livres effondrés s’amoncelle sur… des tentacules. Des tentacules qui, en s’approchant un peu, semblent vouloir s’articuler et s’extraire de ce tombeau de papier.
Au bout de quelques instants, c’est une pieuvre portant les codes vestimentaires d'un dandy qui se découvre. *

Oh… Bien le bonjour,
Vous vous souvenez de moi ? Vous me croyiez perdu ?... Non, je crois que j’ai dormi un peu trop longtemps après que ces ouvrages me soient tombés sur la tête. Mais comme Cyany’ n’est pas venue en ce lieu depuis belle lurette, bien sûr elle m’a un peu oublié. Bien sûr que je ne lui en veux pas… Enfin un petit peu, maintenant je suis obligé de tout ranger seul. Elle et Jean-René savent très bien se dédouaner du travail à faire…

Bon, on va dépoussiérer tout cela, et en même temps je vous conterais quelques histoires, peut-être que cela vous donnera un petit peu plus envie de venir me voir et de m’emprunter quelques beaux livres.
Ah ! Tiens, voici celui-ci, « L’incolore Tsukuru Tazaki et ses années de pèlerinage » de Haruki Murakami. Voilà un titre qui apaise mon cœur et mon esprit comme le regard de Bouddha. Avant de vous conter dans les grandes lignes cette histoire et vous assommer de mon avis, je tiens tout de même à vous présenter l’auteur, qui à mon sens, est un artiste des mots d’un grand talent. Haruki Murakami est un écrivain japonais qui a écrit des romans à succès tel que 1Q84, mais aussi de nombreuses nouvelles et essais très poétiques avec un univers assez onirique, si je puis dire. Son don d'écriture n’est plus à prouver après la douzaine de prix et autres distinctions dont il est le détenteur.

L’histoire se passe au Japon, et elle débute à Nagoya. C’était un groupe de cinq amis inséparables, du moins, c’est ce qu’ils ont pensé. Tous se surnommaient par une couleur à cause de leurs noms de famille, ce qui donna Rouge, Bleu, Blanche et Noire… Puis Tsukuru Tazaki, l’incolore, car son nom n’avait aucun lien avec le monde des couleurs. Il était comme à part, mais ça ne faisait rien.
Ils vivaient tous dans une parfaite symbiose dans cette ville de Nagoya, mais pour ses études supérieurs Tsukuru Tazaki, à la grande tristesse de ses amis, dû gagner la grande capitale, Tokyo. Le plus souvent qu’il put, il écrivit et se rendit dans sa ville natale pour retrouver ses amis, comme avant, et lorsqu’il était avec eux, rien ne changeait. Jusqu’au jour où les quatre couleurs de son cœur ne voulurent plus jamais le voir. La raison ? Aucune idée, et Tsukuru brisé ne chercha pas à comprendre, ne chercha même pas cette raison mystérieuse qui poussa ses amis à l’exclure du monde si parfait qu’ils avaient créé à cinq. Durant seize ans il vécu sans se poser de question, parfois en pensant à la mort, puis il devint architecte de gares. Les gares, un moyen de communication, de transport, mais surtout une étrange passion pour lui.
Au bout de seize ans, il rencontrera Sara, une femme qu’il pense aimer, qui hante ses pensées, le tourmente. Mais pour que cet amour fleurisse sur un terrain sain, elle le poussera à entreprendre un long pèlerinage pour réparer son cœur meurtri après tant d’années. Il doit découvrir pourquoi ses anciens amis l’ont rejeté. Il doit se confronter au passé pour comprendre ce qui a brisé le cercle de ses belles années d’enfance. C’est ainsi qu’il retournera sur les traces des ombres anciennes, dans sa ville natale, mais aussi ailleurs dans le monde… Pour découvrir une triste et lourde nouvelle.

Je crois que cela faisait longtemps que je n’avais pas eu autant de mal à laisser un livre reposer d’un chapitre à un autre. Lorsque je l’ai lu, il fallait toujours que j’en lise plus, il fallait, comme Tsukuru, que je découvre ce qu’il s’était réellement passé, j’étais poussé par une étrange force qui me disait que j’y étais presque… Sans vraiment y être.
C’est poétique, entrainant, charmant et charmeur, musical et délicat. C’est un étrange phénomène qui a parcourut tout mon corps, même jusqu’au bout du bout de mes tentacules. J’étais triste et heureux en même temps, avec une étrange sensation d’apaisement. Lorsqu’on se plonge dans la lecture de « l’incolore Tsukuru Tazaki, et ses années de pèlerinage », on en ressort tendre, serein et plus heureux.

Je vous conseil vivement de lire cet ouvrage qui vous fera sûrement du bien à l’âme et à l’esprit. Les choses autours de vous vous sembleront plus belles, et si votre ambition et votre énergie s’en étaient allés, probablement que grâce à ce livre vous vous relèverez du bon pied, pour mieux avancer.

Bon ! Après cette année et ses plusieurs mois d’absences, j’ai du ménage à faire ici ! J’espère que cette fois-ci les tours de livres de mon chariot ne viendront pas s’écraser sur moi une nouvelle fois, j’ai tellement à vous montrer.

Votre avis m’importe énormément, n’hésitez pas à laisser un petit mot dans le livre d’or.

Bonne journée !