Yo le peuple !
Vous voyez ce matin j’avais un peu de temps, donc un peu de temps à perdre avant de partir aller m’enfermer dans un amphithéâtre pour qu’on me parle de la Révolution Française. En vrai j’aime bien, c’est intéressant, mais ce n’est pas vraiment ce que je veux faire, du coup j’écoute juste d’une oreille. Y’a des chiffres, des grands noms, que des trucs intelligents qui prennent un peu la tête. Mais ça reste tout de même un peu intéressant.
Enfin bref ! Ce n’est pas vraiment de ça que je viens parler aujourd’hui. En fait, depuis quelques temps je me fais une réflexion. Depuis quelques temps je regarde des vidéos qui parlent d’acceptation de soi, tout ça tout ça, ces trucs qui motivent, enfin, normalement.
Ce matin j’avais du temps à perdre, et donc je me suis maquillée. Dit comme ça c’est anodin, pas très intéressant, tout le contraire de mon cours d’histoire qui parle de la Révolution Française. Cependant tout est relatif d’une personne à une autre. Mais en fait, quand je me suis maquillée y’a pleins de trucs qui me sont passés par la tête. Y’a des idées et des émotions qui m’ont traversé, entre envie de ne pas réfléchir et honte de moi-même. Du coup j’en suis arrivée à ça : Pourquoi je me sens si mal quand je décide de me maquiller ?

C’est vrai ça, pourquoi j’ai un truc dans le ventre qui me fait me sentir mal ? Comme si on me jugeait. Genre, sentir des yeux sur soit qui nous dit que c’est pas vraiment bien.
En vérité je ne me maquille pas beaucoup. Souvent je n’ai pas le temps, je n’ai pas envie, j’ai envie de pouvoir me frotter les yeux en toute tranquillité lorsque mon cours d’histoire sur la Révolution Française devient soporifique. Mais en attendant j’aime bien ça, j’aime bien voir des couleurs sur mes yeux, j’aime bien parce que je trouve ça artistique et joli, ça me plaît, ça ajoute un peu de peps à ce monde que je trouve des fois trop gris.
Alors des fois je prends du temps pour moi, je sors mes petits pinceaux, les petits produits, peut-être même une vidéo Youtube d’un gourou du make-up et je me lance, j’essaye de faire un truc qui me plait…
Puis c’est trop bizarre, d’un coup je me sens superficielle, je pense à toute la misère du monde, je me sens terriblement mal.

Du coup j’ai réfléchi à cet état. Pourquoi me sentir si mal, pour un truc si anodin ? Et j’en suis arrivée à quelques finalités : le jugement, les étiquettes.
J’ai remarqué que dans notre société, maintenant, on voit la jeune fille, la fille, la femme, la dame maquillée d’une manière qui me déplait. On la prend peut-être plus stupide qu’elle ne l’est réellement, elle perd toute légitimité envers les autres. Déjà qu’on voit la femme partout sur les affiches, un peu présentée comme un produit de consommation. C’est peut-être aussi ça qui joue ? Après ce n’est qu’une réflexion toute personnelle, mais c’est comme ça que je le vois, que je le comprends.
On associe le maquillage et le temps que l’on prend pour soi comme superficiel, inutile, une perte de temps ( ou de toi ? ). Et bien, d’accord, c’est une perte de temps en soit. Mais une perte de temps utile je pense. Prendre soin de soi, avoir envie de mettre un peu de couleur, se donner un style, en quoi cela serait mal, en quoi cela ne rendrait plus légitime une personne ? Être heureux de pouvoir se faire un petit ravalement de façade ?
Rien dans la logique ne légitime ces jugements.

Ça me fait aussi penser qu’il y a toujours cette injonction au bonheur. Tout le temps, tous les jours, partout, par tous. Par contre il ne faut pas trop prendre soin de soi non plus, faire attention aux autres, être bien dans les cases. Un paradoxe. Le maquillage rentre aussi dans ce schéma : fais attention à toi, c’est bien pour ton image, par contre ne le fais pas trop ou pas vraiment, ce n’est pas bien pour ton image. Je ne suis pas très forte pour expliquer les choses, mais j’espère que vous saisirez l’idée. C’est dans les cases sans vraiment l’être. Comme beaucoup de choses d’ailleurs. Peut-être est-ce juste une question de point de vue ?

Souvent on pense que le maquillage est un masque, qu’il montre un manque de con-fiance en soi. Je pense que pour certaines personnes c’est le cas, mais pourquoi basher cela, si cela les aide à s’accepter ? Moi-même j’ai pu le faire, mais plus j’y réfléchi, plus je trouve ce comportement stupide et inapproprié. Le tout c’est que ça ne soit pas mal sain, or à mon humble avis, trouver des solutions pour se sentir à son avantage, et si c’est se peinturer la face, c’est une bonne chose si ça nous rend heureux. Après oui, vient le dé-maquillage, on est peut-être déçu, de voir de nouveau notre face nue, mais c’est comme ça. Pour ça je n’ai pas forcément d’avis neutre, ou une réflexion poussée. Alors c’est comme ça. Et je ne peux pas répondre autre chose à cette situation.

Pour ma part je ne me peinture pas la face parce que je n’ai pas confiance, et j’aimerais qu’on arrête de me délégitimer par rapport à ça. Je ne me trouve pas exceptionnelle, c’est vrai, mais plutôt pas mal. Démaquillée ou maquillée. Mais ceci est un état tout personnel, une réflexion de ma part. Sauf qu’avec le maquillage je peux m’amuser de ce que j’estime comme des défauts, je peux cacher ou juste un peu modifier. Ça serait mentir de dire que j’aime voir mon acné dévoilée au grand jour. Mais maintenant je ne m’en forma-lise plus vraiment. Alors j’aimerais vraiment qu’on arrête d’inventer ma psychologie lors-que je décide de mettre un peu de couleur sur mon visage tout blanc, qu’on me dise que je suis mieux sans tous ces artifices. Oui, c’est peut-être vrai ce qu’on peut m’avancer, mais je m’en fiche. Enfin presque. A force de me le dire, tout ce qu’on arrive à me faire, c’est de provoquer en moi un sentiment de malaise. En tout cas ce n’est pas à travers vos yeux que je conçois mon monde. Ni les autres personnes qui s’amusent avec des poudres et des crèmes pour le visage.

Je ne sais pas si ce que j’écris a vraiment un sens, et qu’un quelconque message sera transmis. Je voulais juste partager cette petite réflexion. Cet article n’avait pas vocation à me plaindre, comme pleins d’autres sur ce blog, mais plus à amener une réflexion sur cette culpabilité qu’on peut ressentir lors de certaines de nos actions. Une réflexion sur la culpabilité que vous, que moi, que tout le monde peut faire ressentir à quelqu’un qui n’a rien demandé.

Sur ce,
Tcho !

Yo le peuple.
Aujourd’hui on va parler d’un truc sérieux. D’un truc qui touche tout le monde, et ça, depuis toujours. C’est par en dessous, par au dessus et rarement droit dans les yeux. C’est rarement délicat, c’est même plutôt rude. Paraît-il que ce n’est pas pour faire du mal, que c’est pour le " Bien " de X chose. Mais c’est quoi le bien ? Et surtout t’es qui, toi, l’inconnu, pour me dire ce qui est bien ou mal. T’es qui pour poser ton regard comme ça sur moi. Ouais, aujourd’hui on va parler du regard de l’autre. Ca ressemble un peu à un exercice de philo’, le genre de truc que votre professeur vous donne - ou vous a donné -, vous obligeant à vous mettre face à votre réalité, vos comportements et celui des autres. C’est un peu cruel, mais important d’en parler, surtout à notre époque où les apparences sont reines. Moi, aujourd’hui, je vais vous parler de ce regard que les autres portent sur moi, parce que beaucoup trop de paramètres sont différents des leur, et ça les heurtent.

J’ai envie de vous toucher deux mots là-dessus, parce que certaines réflexions venant de mon entourage et d’inconnus m’ont fortement offensée. Et ça m’a fait réfléchir. Même, beaucoup réfléchir. C’est essentiellement au sujet de mes cheveux qui en voient de toutes les couleurs et de mon style vestimentaire. Mais vous pouvez aussi transposer cela sur d’autres terrains. Cela fonctionne aussi, vous verrez. Alors, j’ai eu le droit à quelques :

- Pourquoi tu fais ça ?
- Tu te cherches.
- Tu te gâches.
- En fait tu as envie de t’exclure.
- T’es moche.
- T’es belle mais…
- Tu as réfléchi aux conséquences ?
- Tu te sens exister comme ça ?
- Ils en pensent quoi, les autres ?

Au début c’est une question toute bête, plutôt innocente, à laquelle je réponds avec la même simplicité : parce que j’ai envie. Il n’y a pas de raison particulière. Juste, je peux le faire, alors je le fais. Je profite. Sauf que ça ne plaît pas, ça ne va pas dans le sens de leur logique, ça sort de leurs chemins bien connus. Alors ça ne va plus, ils s’énervent ou se moquent et là, ils en deviennent blessants. Je peux comprendre dans un sens ce genre de comportement, mais je trouve ça triste.
Alors oui je me cherche. Oui très clairement. Mais même ce qui semble être adulte/mature/réfléchi/insérez un mot sérieux, se cherche. Se chercher est une quête infinie, et l’oublier… Comme beaucoup l’oubli, personnellement je trouve ça se gâcher, comme ils peuvent me le dire.
Sinon, non, ce n’est pas une envie de m’exclure. C’est juste une envie.
Sinon, oui, j’ai réfléchi aux conséquences, et si je ne les acceptais pas, et bien je ne l’aurais pas fait. Et cela inclus ce regard que les autres se permettent sur ma personne.
Et on ne me désigne plus comme une personne à un moment, je suis juste un ça, une chose floue.
Puis c’est la fin, on me parle des autres. Ces autres, ces parfaits inconnus que je ne croiserais probablement qu’une fois dans ma vie, peut-être deux fois, par un heureux hasard, ou même que je côtoierais juste un temps défini. On me parle de cette masse qui, en somme, n’est rien pour moi, juste une multitude de visages aux traits et aux couleurs différentes. Et je m’en fous. Moi je trace.

Tout ça n’était qu’une infime partie de ce à quoi je pense, une mise en bouche, un exemple. Mais cela marche sur tout. Lorsque vous êtes handicapé, lorsque vous êtes grosse, lorsque vous êtes maigre, si vous êtes blanc, noir, métisse, que vous soyez une fille ou un garçon, que vous croyiez en tel ou tel dieu. Il y a toujours ce jugement qui vous touche, ce regard qui vous toise. Celui d’un proche, comme celui d’un parfait inconnu. On le sent qui presse sur nos épaules. On sent qu’il nous questionne. Alors j’ai réfléchi à tout ça, comme je l’ai dit en haut.

Lorsqu’on me dit tout ça, je ne réfléchi pas vraiment à la réponse que je pourrais donner, parce qu’il ne me semble pas utile de me justifier. Je fais. Point. Non, je me questionne plutôt à mon tour : Pourquoi faire attention à ça ? Parce qu’avouons le, il y a beaucoup plus important à réfléchir, non ? Et surtout qu’est-ce que ça aller changer à leur vie ? Hum ? Rien.
Après tout, tout ça ce sont mes choix, mes envies, c’est mon corps, mon esprit. Je peux bien en faire ce qui me chante. Et les autres dans tout ça ? Pareil.

Maintenant je fais beaucoup moins attention à ce regard jugeant ma personne, parce que j’ai compris qu’il ne m’apporterait rien, ou du moins rien de bon. Il ne me faisait que douter, il me remplissait d’un peur malsaine qui oppressait mon cœur et me faisait courber l’échine.

Suis-je assez bien de la sorte ? Ils vont en penser quoi de ça ? Et puis ça ?

Mais c’est difficile de s’en défaire totalement de ce regard. C’est collant. Et ça ne semble pas forcément méchant. En vérité, s’en défaire est une chose tout à fait impossible - il faudrait arracher les yeux de tout ces autres -, car on en a besoin, il n’est pas forcément mesquin, et surtout, parce que l’autre c’est nous aussi. On se regarde, on prend une sorte de recule, pas toujours objectif, mais on essaye, et on se compare. Avec l’autre. Mais ce n’est pas un mal. C’est plutôt normal, mais c’est comme les statistiques des blogs, des instagrams, des pages facebook… le tout c’est de savoir les interpréter et d’en tirer une force. Le tout c’est de ne pas se laisser écraser et de faire la part des choses.

Aujourd’hui, en cette nouvelle année, j’avais envie de vous faire réfléchir sur ce quelque chose qui vous collera à la peau plus ou moins fort. J’avais envie de vous faire réfléchir à ce regard qui des fois vous met le moral dans les chaussettes. Sauf qu’il ne faut pas. Faut remonter le menton, dresser son dos le plus haut que l’on puisse, et marcher vers l’avant, droit au but. Parce que vous êtes votre unique maître. Les autres ? C’est la foule. Juste la foule.