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Δ VENENUM MUSEUM Δ
09:30Yo le peuple ! Je vous retrouve aujourd’hui pour un article culture . Je dois vous avouer que ça m’a manqué, et je me suis dit que j’en fe...


L’utilisation des poisons remonte à l’antiquité, et pour vous illustrer ceci, quelques pièces représentant cette époque viennent vous conter quelques histoires à ce sujet.
Nous pouvons nous intéresser à Hercule. Lorsque celui-ci vaincu le centaure Nessos qui attaqua sa femme Déjanire, la créature laissa entendre à la belle de conserver son sang comme philtre d’amour. Quelques temps après, Déjanire compris que son époux ne lui était pas fidèle et décida de lui offrir une tunique trempée dans le sang du centaure afin de le reconquérir. A peine le tissu toucha la peau de l’homme, que celle-ci le brûla, dû au sang du centaure qui se trouvait être un poison. La douleur était telle qu’il préféra se jeter dans les flammes d’un bûcher.
Dans ce mythe, le poison est utilisé autant pour le désespoir de la triste amoureuse qui pensait que celui-ci aurait des bienfaits, que pour la volonté de se débarrasser d’un rival, de la part de Nessos, après sa mort.
A cette époque la fonction du poison n’était pas utilisée pour le crime commun, mais plus pour des cas de mort sans déshonneur ou des sentences judiciaires. Les poisons les plus fréquents étaient le cyanure, les plantes toxiques et bien sûr les champignons, facile à dissimuler au milieu d’un plat, dans un banquet…
Le poison étant associé à la sorcellerie, les crimes commis grâce à ces substances étaient sévèrement punies.
Un pan de mur plus loin nous pouvons contempler une huile sur toile de la mort de Cléopâtre.
Celle-ci ne souhaitant pas subir l’humiliation d’une défaite contre Octave a préféré se donner la mort afin de préserver sa dignité. Mais encore à ce jour des doutes subsistent envers la technique utilisée pour cet acte létale. Est-ce donc une vipère aspic qui l’aurait mordu ou bien s’est-elle piquée grâce à une épingle à cheveux pleine de poison ? Peut-être même est-ce un assassinat politique.
En continuant notre chemin nous passons de l’Antiquité au Moyen-Âge, où l’on nous explique que le poison était utilisé par ce qu’on appelle les « sans-armes », c’est-à-dire les femmes et les gens de l’Église. En effet, associé à la sorcellerie, le poison est contre les principes de la chevalerie. Pourtant ces substances seront démocratisées avec l’ouverture des apothicaireries. Médicament ou arme ?
Au moyen-Âge le poison était redouté dans les plats lors des repas. Pour pallier aux craintes, tous les plats était scrupuleusement goutés et des ustensiles, soi-disant, détectait la présence de substances toxiques. On pensait que certaines cornes, de certains animaux pouvaient protéger des poisons.
Juste au-dessus de la corne à boire, nous pouvons observer le détail d’une miniature représentant Alexandre le Grand, qui pendant l’époque médiéval fut élevé au statut de conquérant hors du commun. A cette époque on pensant que seul un poison l’aurait tué lors d’un banquet, alors que son corps était encore vaillant.
Sinon, outre ces deux pièces, vous pouviez observer le portrait de Catherine de Médicis, où l’on vous expliquait un peu son histoire, son rapport au poison.
Petit à petit, nous remontons le temps avec l’exposition jusqu’à la renaissance où quelques talents dévoilant des scènes vaniteuses vous attendent. A cette époque-ci on vous expliquera que le poison était responsable de nombreux assassinats, et c’est en Italie que la pratique fut la plus travaillée, tel un art. Dans cette partie du continent européen des guildes se cachaient dans l’ombre et les alchimistes tentaient de nouvelles choses avec les substances toxiques pour des clients avec un pécule conséquent ou de grandes familles.
Mais pas le temps de nous attarder plus longtemps que le regard se tourne sur quelques pièces datant de l’époque moderne. Après la renaissance, la fascination pour le poison s’exporte de l’Italie à la France. Face à ce nouveau fléau qui se démocratise, le Roi XIV décidera de limiter les substances vendues dans les apothicaireries, fera passer des lois contre les empoisonneurs et créera une juridiction tout spécialement destinée aux enquêtes sur les cas d’empoisonnement.
Pour illustrer ce moment de notre histoire nous avions droit à quelques portraits, dont celui de Marie-Madeleine de Brinvilliers le jour de son exécution. En 1672, des documents sont découverts chez Godin de Sainte-Croix, un étrange personnage qui a appris l’art des poisons lors d’un séjour en prison, où il mettait en cause la marquise de Brinvilliers, sa maîtresse. Avec son aide, la dame aurait réussi à empoisonner son père, ses frères et son mari dans le but d’hériter.
Au final, un pan de mur plus loin nous arrivons à l’époque qui nous est la plus proche, l’époque contemporaine. A partir des années 1800, le poison passe d’une arme de crime à l’arme chimique utilisée pendant la guerre. Les crimes de poisons se font plus rares, mais ceux qui subsistent continuent à briller au milieu des faits divers.
En parallèle, l’emploi de gaz toxiques est très présent durant la première guerre mondiale, où un décret, le « protocole de Genève » ( 1925 ), vise à interdire les armes chimiques et biologiques, mais cette interdiction est bafouée depuis.
Pour illustrée cette sombre époque, un masque à gaz datant de la première guerre mondiale. Ceux-ci furent introduit en 1915, pour pallier aux attaques toxiques. Au fils du temps, leur technologie se complexifia pour survivre au mieux aux substances irritantes, létales. Et pour finir sur notre chemin historique, quelques coupures de magazines d’époque, aillant pour première de couverture les visages d’empoisonneuses.
Après ce circuit historique, là où l’on vous livre le parcours sinueux et mortel de l’art du poison, une autre partie de l'exposition s’ouvre à vous, tel un cabinet de curiosité.
En premier on s’amusera à chercher les poissons dans les petits aquariums les exhibant. Je vous mets donc au défi de trouver le poisson-feuille sur cette photo.
C’est un poisson vivant dans les eaux pacifique tropical, de l’Afrique de l’est jusqu’aux Galapagos. C’est un prédateur qui ne bouge pas beaucoup et qui reste à l’affût dans les fonds des mers ou les zones de récifs afin de se trouver une délicieuse proie. Il se font dans les algues, adoptant leurs mouvements, et ses rayons se trouvant sur sa nageoire dorsale viennent piquer les animaux marins un peu trop curieux souhaitant gouter aux algues.
Sinon durant l’exposition il vous était possible de voir un spécimen plutôt petit de Rascasse, ou poisson-scorpion, qui est un chasseur nocturne et très vorace possédant des glandes à venin alimentant les épines que son corps arbore.
L’un comme l’autre sont des poissons aux superbes couleurs et aux aspects fascinant et esthétique, mais leur beauté est mortelle, et il vaut mieux les toucher avec les yeux plutôt que de les laisser vous effleurer la peau.
Outre ceci on vous présentera sur les murs les silhouettes de méduses, et quelques petits êtres derrière des vitres où vous pourrez les observer sereinement sans risquer de vous faire piquer.
Ceux n’appréciant pas particulièrement les corps vivants, vous pourrez vous rassurer en observant des poissons, certes à l’aspect repoussant, mais tout à fait inoffensif car sans vie. Et avec ça quelques coquilles vides de mollusques venimeux.
Si vous osez vous aventurer plus loin il vous sera possible d’observer un superbe spécimen de couleuvre verte à long nez originaire d’Argentine. C’est un serpent nocturne opisthoglyphe, c’est-à-dire que ses crochets se situent au fond de sa mâchoire, comme d’ailleurs toutes les autres couleuvres.
Peut-être ne le saviez-vous pas, mais j’adore les reptiles, et tout particulièrement les serpents. Je les trouve particulièrement fascinants, et si lors de l’exposition il n’y avait pas eu autant de monde, je pense que j’aurais pu rester des heures devant la vitre du vivarium, dans l’espoir de voir son corps sinueux se déplacer ne serait-ce que de quelques centimètres.

Encore une fois pour les plus craintifs, des spécimens sans vie vous seront exposés dans des bocaux que l’on peut supposer formolés, ou une solution s'en rapprochant.
Certains sont dégoutées, d’autres fascinés. Les gens tournent autour du présentoir. On se pose des questions, on détail les peaux, on dirait qu’ils sont vivants, mais il n’en n’est rien, cela fait des années que leur dernier souffle a été rendu.
Quelques mètres plus loin il vous sera possible d’admirer une mygale saumonée, la seconde mygale la plus grosse du monde. Ne vous attendez pas à ce qu’elle bouge partout, qu’elle fasse sa diva, car c’est un animal très craintif. Même si cette mygale est très peureuse et choisira toujours la fuite au combat, elle possède tout de même de très longs poils et des soies urticantes en forme de harpon sur l’abdomen afin de se défendre. Si la fuite se voyait insuffisante, elle prendrait son petit courage à huit pattes pour faire volte-face et projeter ses soies venimeuses et montrer ses crochets, voir même mordre.
Je suis loin d’être phobique des araignées, bien au contraire, mais je dois avouer que de savoir un tel être si dangereux, et si proche de moi, m’a fait battre le cœur à tout rompre.
Après ces quelques bestioles aussi fascinantes que dangereuses, d’autres s’invitent derrière des vitres de verre. Tel qu’une reproduction d’ornithorynque, par exemple, ou bien des grenouilles aux couleurs splendides, mais ne vous laissez pas happés par tant de beauté. Vous risqueriez de vous y perdre.
Suivant le parcours logique, vous pourrez aussi vous informer sur quelques pratiques utiliser pour faire parvenir un poison dans le corps d’un tierce être, tel que les pointes de flèches. Sous un cadre de verre vous pourrez observer des pointes de flèches scythes et dalmates datant de l’âge du Bronze. Ces pointes comportent des petites dépressions ou des stries, probablement destinées à de petites quantités de poisons.
On vous racontera une anecdote en deux petites lignes, comme quoi selon Pline, les Scythes utilisaient l’aconit comme un poison de flèche et les Celtes, la jusquiame ou l’hellébore.
Sinon, il s’est avéré que les poisons associés aux armes existent depuis la Protohistoire, notamment pour la chasse.
Mais passons à quelque chose de plus moderne, plus proche de nous dans l’Histoire. Saviez-vous que des produits toxiques, donc des poisons, étaient utilisés pour les couleurs pour les objets de tous les jours ? En effet au 19e siècle, la palette des couleurs s’est agrandit lorsque les chimistes mirent au point les colorants de synthèse. Très facile à produire et bon marché, cela remplacera rapidement les teintures naturelles, mais cela ne diminura en rien la toxicité des peintures.
Pour cela deux pots de prussiate jaune et de vert prussique Milori nous mettent an garde avec l'inscription « poison ».
Pour finir la visite un peu morbide, l’exposition nous laisse sur une note un peu plus d’espoir et de positivité, même si l’ombre de la mort plane toujours très proche.
Effectivement, les poisons ne sont pas que des substances donnant la mort. Ceux-ci revêt un double-visage. Même si celui-ci peut être mortel, il peut tout autant être bénéfique : les médicaments.
Cette découverte fut comprise – mais pas forcément acquise – très tôt dans l’Histoire. Sur la base d’observation, et au de-là des croyances magiques de certains objets ou substances. la volonté de contrer les effets du poison se manifesta très tôt, jusqu’à même soigner. Ces objets et substances constituent une solide base d’une pharmacopée basée sur des plantes, des animaux et des minéraux toxiques.
A partir du 19e siècle, les progrès en matière de toxicologie et de chimie rationaliseront cette pratique, promettant un avenir intéressant en matière médicale.

